20000 Lieues sous les mers Part 1 Read online

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  Pendant ce temps, Ned Land, assez peu conchyliologue, m'interrogeait sur mon entrevue avec le capitaine Nemo. Avais-je découvert qui il était, d'où il venait, où il allait, vers quelles profondeurs il nous entraînait ? Enfin mille questions auxquelles je n'avais pas le temps de répondre.

  Je lui appris tout ce que je savais, ou plutôt, tout ce que je ne savais pas, et je lui demandai ce qu'il avait entendu ou vu de son côté.

  « Rien vu, rien entendu ! répondit le Canadien. Je n'ai pas même aperçu l'équipage de ce bateau. Est-ce que, par hasard, il serait électrique aussi, lui ?

  Electrique !

  Par ma foi ! on serait tenté de le croire. Mais vous, monsieur Aronnax, demanda Ned Land, qui avait toujours son idée, vous ne pouvez me dire combien d'hommes il y a à bord ? Dix, vingt, cinquante, cent ?

  Je ne saurais vous répondre, maître Land. D'ailleurs, croyez-moi, abandonnez, pour le moment, cette idée de vous emparer du Nautilus ou de le fuir. Ce bateau est un des chefs-d'oeuvre de l'industrie moderne, et je regretterais de ne pas l'avoir vu ! Bien des gens accepteraient la situation qui nous est faite, ne fût-ce que pour se promener à travers ces merveilles. Ainsi. tenez-vous tranquille, et tâchons de voir ce qui se passe autour de nous.

  Voir ! s'écria le harponneur, mais on ne voit rien, on ne verra rien de cette prison de tôle ! Nous marchons, nous naviguons en aveugles... »

  Ned Land prononçait ces derniers mots, quand l'obscurité se fit subitement, mais une obscurité absolue. Le plafond lumineux s'éteignit, et si rapidement, que mes yeux en éprouvèrent une impression douloureuse, analogue à celle que produit le passage contraire des profondes ténèbres à la plus éclatante lumière.

  Nous étions restés muets, ne remuant pas, ne sachant quelle surprise, agréable ou désagréable, nous attendait. Mais un glissement se fit entendre. On eût dit que des panneaux se manoeuvraient sur les flancs du Nautilus.

  « C'est la fin de la fin ! dit Ned Land.

  Ordre des Hydroméduses ! » murmura Conseil.

  Soudain, le jour se fit de chaque côté du salon, à travers deux ouvertures oblongues. Les masses liquides apparurent vivement éclairées par les effluences électriques. Deux plaques de cristal nous séparaient de la mer. Je frémis, d'abord, à la pensée que cette fragile paroi pouvait se briser ; mais de fortes armatures de cuivre la maintenaient et lui donnaient une résistance presque infinie.

  La mer était distinctement visible dans un rayon d'un mille autour du Nautilus. Quel spectacle ! Quelle plume le pourrait décrire ! Qui saurait peindre les effets de la lumière à travers ces nappes transparentes, et la douceur de ses dégradations successives jusqu'aux couchés inférieures et supérieures de l'Océan !

  On connaît la diaphanéité de la mer. On sait que sa limpidité l'emporte sur celle de l'eau de roche. Les substances minérales et organiques, qu'elle tient en suspension, accroissent même sa transparence. Dans certaines parties de l'Océan, aux Antilles, cent quarante-cinq mètres d'eau laissent apercevoir le lit de sable avec une surprenante netteté, et la force de pénétration des rayons solaires ne paraît s'arrêter qu'à une profondeur de trois cents mètres. Mais, dans ce milieu fluide que parcourait le Nautilus, l'éclat électrique se produisait au sein même des ondes. Ce n'était plus de l'eau lumineuse, mais de la lumière liquide.

  Si l'on admet l'hypothèse d'Erhemberg, qui croit à une illumination phosphorescente des fonds sous-marins, la nature a certainement réservé pour les habitants de la mer l'un de ses plus prodigieux spectacles, et j'en pouvais juger ici par les mille jeux de cette lumière. De chaque côté, j'avais une fenêtre ouverte sur ces abîmes inexplorés. L'obscurité du salon faisait valoir la clarté extérieure, et nous regardions comme si ce pur cristal eût été la vitre d'un immense aquarium.

  Le Nautilus ne semblait pas bouger. C'est que les points de repère manquaient. Parfois, cependant, les lignes d'eau, divisées par son éperon, filaient devant nos regards avec une vitesse excessive.

  Emerveillés, nous étions accoudés devant ces vitrines, et nul de nous n'avait encore rompu ce silence de stupéfaction, quand Conseil dit :

  « Vous vouliez voir. ami Ned, eh bien, vous voyez !

  Curieux ! curieux ! faisait le Canadien—qui oubliant ses colères et ses projets d'évasion, subissait une attraction irrésistible—et l'on viendrait de plus loin pour admirer ce spectacle !

  Ah ! m'écriai-je, je comprends la vie de cet homme ! Il s'est fait un monde à part qui lui réserve ses plus étonnantes merveilles !

  Mais les poissons ? fit observer le Canadien. Je ne vois pas de poissons !

  Que vous importe, ami Ned, répondit Conseil, puisque vous ne les connaissez pas.

  Moi ! un pêcheur ! s'écria Ned Land.

  Et sur ce sujet, une discussion s'éleva entre les deux amis, car ils connaissaient les poissons, mais chacun d'une façon très différente.

  Tout le monde sait que les poissons forment la quatrième et dernière classe de l'embranchement des vertébrés. On les a très justement définis : « des vertébrés à circulation double et à sang froid, respirant par des branchies et destinés à vivre dans l'eau ». Ils composent deux séries distinctes : la série des poissons osseux. c'est-à-dire ceux dont l'épine dorsale est faite de vertèbres osseuses, et les poissons cartilagineux. c'est-à-dire ceux dont l'épine dorsale est faite de vertèbres cartilagineuses.

  Le Canadien connaissait peut-être cette distinction, mais Conseil en savait bien davantage, et maintenant, lié d'amitié avec Ned. il ne pouvait admettre qu'il fût moins instruit que lui. Aussi lui dit-il :

  « Ami Ned, vous êtes un tueur de poissons, un très habile pêcheur. Vous avez pris un grand nombre de ces intéressants animaux. Mais je gagerais que vous ne savez pas comment on les classe.

  Si. répondit sérieusement le harponneur. On les classe en poissons qui se mangent et en poissons qui ne se mangent pas !

  Voilà une distinction de gourmand, répondit Conseil.

  Mais dites-moi si vous connaissez la différence qui existe entre les poissons osseux et les poissons cartilagineux ?

  Peut-être bien, Conseil.

  Et la subdivision de ces deux grandes classes ?

  Je ne m'en doute pas, répondit le Canadien.

  Eh bien, ami Ned, écoutez et retenez ! Les poissons osseux se subdivisent en six ordres : Primo. Les acanthoptérygiens, dont la mâchoire supérieure est complète. mobile. et dont les branchies affectent la forme d'un peigne. Cet ordre comprend quinze familles, c'est-à-dire les trois quarts des poissons connus. Type : la perche commune.

  Assez bonne à manger, répondit Ned Land.

  Secundo, reprit Conseil, les abdominaux, qui ont les nageoires ventrales suspendues sous l'abdomen et en arrière des pectorales, sans être attachées aux os de l'épaule—ordre qui se divise en cinq familles, et qui comprend la plus grande partie des poissons d'eau douce. Type : la carpe, le brochet.

  Peuh ! fit le Canadien avec un certain mépris, des poissons d'eau douce !

  Tertio, dit Conseil, les subrachiens, dont les ventrales sont attachées sous les pectorales et immédiatement suspendues aux os de l'épaule. Cet ordre contient quatre familles. Type : plies, limandes, turbots, barbues, soles, etc.

  Excellent ! excellent ! s'écriait le harponneur, qui ne voulait considérer les poissons qu'au point de vue comestible.

  Quarto, reprit Conseil, sans se démonter, les apodes, au corps allongé, dépourvus de nageoires ventrales, et revêtus d'une peau épaisse et souvent gluante

  ordre qui ne comprend qu'une famille. Type : l'anguille, le gymnote.

  Médiocre ! médiocre ! répondit Ned Land.

  Quinto, dit Conseil, les lophobranches, qui ont les mâchoires complètes et libres, mais dont les branchies sont formées de petites houppes. disposées par paires le long des arcs branchiaux. Cet ordre ne compte qu'une famille. Type : les hippocampes, les pégases dragons.

  Mauvais ! mauvais ! répliqua le harponneur.

  Sexto, enfin, dit Conseil, les plectognathes, dont l'os maxillair
e est attaché fixement sur le côte de l'intermaxillaire qui forme la mâchoire, et dont l'arcade palatine s'engrène par suture avec le crâne, ce qui la rend immobile ordre qui manque de vraies ventrales, et qui se compose de deux familles. Types : les tétrodons, les poissons-lunes.

  Bons à déshonorer une chaudière ! s'écria le Canadien.

  Avez-vous compris, ami Ned ? demanda le savant Conseil.

  Pas le moins du monde, ami Conseil, répondit le harponneur. Mais allez toujours, car vous êtes très intéressant.

  Quant aux poissons cartilagineux, reprit imperturbablement Conseil, ils ne comprennent que trois ordres.

  Tant mieux, fit Ned.

  Primo, les cyclostomes, dont les mâchoires sont soudées en un anneau mobile, et dont les branchies s'ouvrent par des trous nombreux— ordre ne comprenant qu'une seule famille. Type : la lamproie.

  Faut l'aimer. répondit Ned Land.

  Secundo, les sélaciens, avec branchies semblables à celles des cyclostomes, mais dont la mâchoire inférieure est mobile. Cet ordre, qui est le plus important de la classe, comprend deux familles. Types : la raie et les squales.

  Quoi ! s'écria Ned, des raies et des requins dans le même ordre ! Eh bien, ami Conseil, dans l'intérêt des raies, je ne vous conseille pas de les mettre ensemble dans le même bocal !

  Tertio, répondit Conseil, les sturioniens, dont les branchies sont ouvertes, comme à l'ordinaire, par une seule fente garnie d'un opercule ordre qui comprend quatre genres. Type : l'esturgeon.

  Ah ! ami Conseil, vous avez gardé le meilleur pour la fin à mon avis, du moins. Et c'est tout ?

  Oui, mon brave Ned, répondit Conseil, et remarquez que quand on sait cela, on ne sait rien encore. car les familles se subdivisent en genres, en sous-genres. en espèces, en variétés...

  Eh bien. ami Conseil, dit le harponneur, se penchant sur la vitre du panneau, voici des variétés qui passent !

  Oui ! des poissons, s'écria Conseil. On se croirait devant un aquarium !

  Non, répondis-je, car l'aquarium n'est qu'une cage, et ces poissons-là sont libres comme l'oiseau dans l'air.

  Eh bien, ami Conseil, nommez-les donc, nommez-les donc ! disait Ned Land.

  Moi, répondit Conseil, je n'en suis pas capable ! Cela regarde mon maître ! »

  Et en effet, le digne garçon. classificateur enragé, n'était point un naturaliste, et je ne sais pas s'il aurait distingué un thon d'une bonite. En un mot, le contraire du Canadien, qui nommait tous ces poissons sans hésiter.

  Un baliste, avais-je dit.

  Et un baliste chinois ! répondait Ned Land.

  Genre des balistes, famille des sclérodermes, ordre des plectognathes ». murmurait Conseil.

  Décidément, à eux deux, Ned et Conseil auraient fait un naturaliste distingué.

  Le Canadien ne s'était pas trompé. Une troupe de balistes, à corps comprimé. à peau grenue, armés d'un aiguillon sur leur dorsale, se jouaient autour du Nautilus, et agitaient les quatre rangées de piquants qui hérissent chaque côté de leur queue. Rien de plus admirable que leur enveloppe, grise par-dessus, blanche par-dessous dont les taches d'or scintillaient dans le sombre remous des lames. Entre eux ondulaient des raies, comme une nappe abandonnée aux vents. et parmi elles, j'aperçus, à ma grande joie, cette raie chinoise, jaunâtre à sa partie supérieure, rose tendre sous le ventre et munie de trois aiguillons en arrière de son oeil : espèce rare, et même douteuse au temps de Lacépède, qui ne l'avait jamais vue que dans un recueil de dessins japonais.

  Pendant deux heures toute une armée aquatique fit escorte au Nautilus. Au milieu de leurs jeux, de leurs bonds, tandis qu'ils rivalisaient de beauté, d'éclat et de vitesse, je distinguai le labre vert, le mulle barberin, marqué d'une double raie noire. Le gobie éléotre, à caudale arrondie, blanc de couleur et tacheté de violet sur le dos, le scombre japonais, admirable maquereau de ces mers, au corps bleu et à la tête argentée, de brillants azurors dont le nom seul emporte toute description des spares rayés, aux nageoires variées de bleu et de jaune, des spares fascés, relevés d'une bande noire sur leur caudale, des spares zonéphores élégamment corsetés dans leurs six ceintures, des aulostones, véritables bouches en flûte ou bécasses de mer, dont quelques échantillons atteignaient une longueur d'un mètre, des salamandres du Japon, des murènes échidnées, longs serpents de six pieds, aux yeux vifs et petits, et à la vaste bouche hérissée de dents, etc.

  Notre admiration se maintenait toujours au plus haut point. Nos interjections ne tarissaient pas. Ned nommait les poissons, Conseil les classait, moi, je m'extasiais devant la vivacité de leurs allures et la beauté de leurs formes. Jamais il ne m'avait été donné de surprendre ces animaux vivants, et libres dans leur élément naturel.

  Je ne citerai pas toutes les variétés qui passèrent ainsi devant nos yeux éblouis, toute cette collection des mers du Japon et de la Chine. Ces poissons accouraient, plus nombreux que les oiseaux dans l'air, attirés sans doute par l'éclatant foyer de lumière électrique.

  Subitement, le jour se fit dans le salon. Les panneaux de tôle se refermèrent. L'enchanteresse vision disparut. Mais longtemps, je rêvai encore, jusqu'au moment où mes regards se fixèrent sur les instruments suspendus aux parois. La boussole montrait toujours la direction au nord-nord-est, le manomètre indiquait une pression de cinq atmosphères correspondant à une profondeur de cinquante mètres, et le loch électrique donnait une marche de quinze milles à l'heure.

  J'attendais le capitaine Nemo. Mais il ne parut pas. L'horloge marquait cinq heures.

  Ned Land et Conseil retournèrent à leur cabine. Moi, je regagnai ma chambre. Mon dîner s'y trouvait préparé. Il se composait d'une soupe à la tortue faite des carets les plus délicats, d'un surmulet à chair blanche. un peu feuilletée, dont le foie préparé à part fit un manger délicieux, et de filets de cette viande de l'holocante empereur, dont la saveur me parut supérieure à celle du saumon.

  Je passai la soirée à lire, à écrire, à penser. Puis, le sommeil me gagnant, je m'étendis sur ma couche de zostère, et je m'endormis profondément, pendant que le Nautilus se glissait à travers le rapide courant du Fleuve Noir.

  XV. UNE INVITATION PAR LETTRE

  Le lendemain, 9 novembre, je ne me réveillai qu'après un long sommeil de douze heures. Conseil vint, suivant son habitude, savoir « comment monsieur avait passé la nuit ». et lui offrir ses services. Il avait laissé son ami le Canadien dormant comme un homme qui n'aurait fait que cela toute sa vie.

  Je laissai le brave garçon babiller à sa fantaisie, sans trop lui répondre. J'étais préoccupé de l'absence du capitaine Nemo pendant notre séance de la veille, et j'espérais le revoir aujourd'hui.

  Bientôt j'eus revêtu mes vêtements de byssus. Leur nature provoqua plus d'une fois les réflexions de Conseil. Je lui appris qu'ils étaient fabriqués avec les filaments lustrés et soyeux qui rattachent aux rochers les « jambonneaux », sortes de coquilles très abondantes sur les rivages de la Méditerranée. Autrefois, on en faisait de belles étoffes, des bas, des gants, car ils étaient à la fois très moelleux et très chauds. L'équipage du Nautilus pouvait donc se vêtir à bon compte, sans rien demander ni aux cotonniers, ni aux moutons, ni aux vers à soie de la terre.

  Lorsque je fus habillé, je me rendis au grand salon. Il était désert.

  Je me plongeai dans l'étude de ces trésors de conchyliologie, entassés sous les vitrines. Je fouillai aussi de vastes herbiers, emplis des plantes marines les plus rares, et qui, quoique desséchées, conservaient leurs admirables couleurs. Parmi ces précieuses hydrophytes, je remarquai des cladostèphes verticillées, des padines-paon, des caulerpes à feuilles de vigne, des callithamnes granifères, de délicates céramies à teintes écarlates, des agares disposées en éventails, des acétabules, semblables à des chapeaux de champignons très déprimés, et qui furent longtemps classées parmi les zoophytes, enfin toute une série de varechs.

  La journée entière se passa, sans que je fusse honoré de la visite du capitaine Nemo. Les panneaux d
u salon ne s'ouvrirent pas. Peut-être ne voulait-on pas nous blaser sur ces belles choses.

  La direction du Nautilus se maintint à l'est-nord-est, sa vitesse à douze milles, sa profondeur entre cinquante et soixante mètres.

  Le lendemain, 10 novembre, même abandon, même solitude. Je ne vis personne de l'équipage. Ned et Conseil passèrent la plus grande partie de la journée avec moi. Ils s'étonnèrent de l'inexplicable absence du capitaine. Cet homme singulier était-il malade ? Voulait-il modifier ses projets à notre égard ?

  Après tout, suivant la remarque de Conseil. nous jouissions d'une entière liberté, nous étions délicatement et abondamment nourris. Notre hôte se tenait dans les termes de son traité. Nous ne pouvions nous plaindre, et d'ailleurs, la singularité même de notre destinée nous réservait de si belles compensations, que nous n'avions pas encore le droit de l'accuser.

  Ce jour-là, je commençai le journal de ces aventures, ce qui m'a permis de les raconter avec la plus scrupuleuse exactitude, et, détail curieux, je l'écrivis sur un papier fabriqué avec la zostère marine.

  Le 11 novembre, de grand matin, l'air frais répandu à l'intérieur du Nautilus m'apprit que nous étions revenus à la surface de l'Océan, afin de renouveler les provisions d'oxygène. Je me dirigeai vers l'escalier central, et je montai sur la plate-forme.

  Il était six heures. Je trouvai le temps couvert, la mer grise, mais calme. A peine de houle. Le capitaine Nemo, que j'espérais rencontrer là, viendrait-il ? Je n'aperçus que le timonier, emprisonné dans sa cage de verre. Assis sur la saillie produite par la coque du canot, j'aspirai avec délices les émanations salines.

  Peu à peu, la brume se dissipa sous l'action des rayons solaires. L'astre radieux débordait de l'horizon oriental. La mer s'enflamma sous son regard comme une traînée de poudre. Les nuages, éparpillés dans les hauteurs, se colorèrent de tons vifs admirablement nuancés, et de nombreuses « langues de chat » annoncèrent du vent pour toute la journée.

 

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