Cinq Semaines En Ballon Read online

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  Bref, sans compter les journaux du monde entier, il n'y eut pas de recueil scientifique, depuis le *" Journal des Missions evangeliques " jusqu'a la " Revue algerienne et coloniale, " depuis les " Annales de la propagation de la foi " jusqu'au " Church missionnary intelligencer, " qui ne relatat le fait sous toutes ses formes.

  Des paris considerables s'etablirent a Londres et dans l'Angleterre, 1 degrees sur l'existence reelle ou supposee du docteur Fergusson; 2 degrees sur le voyage lui-meme, qui ne serait pas tente suivant les uns, qui serait entrepris suivant les autres; 3 degrees sur la question de savoir s'il reussirait ou s'il ne reussirait pas; 4 degrees sur les probabilites ou les improbabilites du retour du docteur Fergusson On engagea des sommes enormes au livre des paris, comme s'il se fut agi des courses d'Epsom.

  Ainsi donc, croyants, incredules, ignorants et savants, tous eurent les yeux fixes sur le docteur; il devint le lion du jour sans se douter qu'il portat une criniere. Il donna volontiers des renseignements precis sur son expedition. Il fut aisement abordable et l'homme le plus naturel du monde. Plus d'un aventurier hardi se presenta, qui voulait partager la gloire et les dangers de sa tentative; mais il refusa sans donner de raisons de son refus.

  De nombreux inventeurs de mecanismes applicables a la direction des ballons vinrent lui proposer leur systeme. Il n'en voulut accepter aucun. A qui lui demanda s'il avait decouvert quelque chose a cet egard, il refusa constamment de s'expliquer, et s'occupa plus activement que jamais des preparatifs de son voyage.

  CHAPITRE III

  L'ami du docteur.—D'ou datait leur amitie.—Dick Kennedy a Londres.—Proposition inattendue, mais point rassurante.—Proverbe peu consolant.—Quelques mots du martyrologe africain—Avantages d'un aerostat.—Le secret du docteur Fergusson.

  Le docteur Fergusson avait un ami. Non pas un autre lui-meme, un alter ego; l'amitie ne saurait exister entre deux etres parfaitement identiques.

  Mais s'ils possedaient des qualites, des aptitudes, un temperament distincts, Dick Kennedy et Samuel Fergusson vivaient d'un seul et meme ceur, et cela ne les genait pas trop. Au contraire.

  Ce Dick Kennedy etait un Ecossais dans toute l'acception du mot, ouvert, resolu, entete. Il habitait la petite ville de Leith, pres d'Edimbourg, une veritable banlieue de la " Vieille Enfumee " [Sobriquet d'Edimbourg, Auld Reekie,]. C'etait quelquefois un pecheur, mais partout et toujours un chasseur determine: rien de moins etonnant de la part d'un enfant de la Caledonie, quelque peu coureur des montagnes des Highlands On le citait comme un merveilleux tireur a la carabine; non seulement il tranchait des balles sur une lame de couteau, mais il les coupait en deux moities si egales, qu'en les pesant ensuite on ne pouvait y trouver de difference appreciable.

  La physionomie de Kennedy rappelait beaucoup celle de Halbert Glendinning, telle que l'a peinte Walter Scott dans " le Monastere "; sa taille depassait six pieds anglais [Environ cinq pieds huit pouces.]; plein de grace et d'aisance, il paraissait doue d'une force herculeenne; une figure fortement halee par le soleil, des yeux vifs et noirs, une hardiesse naturelle tres decidee, enfin quelque chose de bon et de solide dans toute sa personne prevenait en faveur de l'Ecossais.

  La connaissance des deux amis se fit dans l'Inde, a l'epoque ou tous deux appartenaient au meme regiment; pendant que Dick chassait au tigre et a l'elephant, Samuel chassait a la plante et a l'insecte; chacun pouvait se dire adroit dans sa partie, et plus d'une plante rare devint la proie du docteur, qui valut a conquerir autant qu'une paire de defenses en ivoire.

  Ces deux jeunes gens n'eurent jamais l'occasion de se sauver la vie, ni de se rendre un service quelconque. De la une amitie inalterable. La destinee les eloigna parfois, mais la sympathie les reunit toujours.

  Depuis leur rentree en Angleterre, ils furent souvent separes par les lointaines expeditions du docteur; mais, de retour, celui-ci ne manqua, jamais d'aller, non pas demander, mais donner quelques semaines de lui-meme a son ami l'Ecossais.

  Dick causait du passe, Samuel preparait l'avenir: l'un regardait en avant, l'autre en arriere. De la un esprit inquiet, celui de Fergusson, une placidite parfaite, celle de Kennedy.

  Apres son voyage au Tibet, le docteur resta pres de deux ans sans parler d'explorations nouvelles; Dick supposa que ses instincts de voyage, ses appetits d'aventures se calmaient Il en fut ravi Cela, pensait-il, devait finir mal un jour ou l'autre; quelque habitude que l'on ait des hommes, on ne voyage pas impunement au milieu des anthropophages et des betes feroces; Kennedy engageait donc Samuel a enrayer, ayant assez fait d'ailleurs pour la science, et trop pour la gratitude humaine.

  A cela, le docteur se contentait de ne rien repondre; il demeurait pensif, puis il se livrait a de secrets calculs, passant ses nuits dans des travaux de chiffres, experimentant meme des engins singuliers dont personne ne pouvait se rendre compte. On sentait qu'une grande pensee fermentait dans son cerveau.

  " Qu'a-t-il pu ruminer ainsi?" se demanda Kennedy, quand son ami l'eut quitte pour retourner a Londres, au mois de janvier.

  Il l'apprit un matin par l'article du Daily Telegraph.

  " Misericorde! s'ecria-t-il. Le fou! l'insense traverser l'Afrique en ballon! Il ne manquait plus que cela! Voila donc ce qu'il meditait depuis deux ans! "

  A la place de tous ces points d'exclamation, mettez des coups de poing solidement appliques sur la tete, et vous aurez une idee de l'exercice auquel se livrait le brave Dick en parlant ainsi.

  Lorsque sa femme de confiance, la vieille Elspeth, voulut insinuer que ce pourrait bien etre une mystification:

  " Allons donc! repondit-il, est-ce que je ne reconnais pas mon homme?

  Est-ce que ce n'est pas de lui? Voyager a travers les airs! Le voila jaloux des aigles maintenant! Non, certes, cela ne sera pas! je saurai bien l'empecher! Eh! si on le laissait faire, il partirait un beau jour pour la lune! "

  Le soir meme, Kennedy, moitie inquiet, moitie exaspere, prenait le chemin de fer a General Railway station, et le lendemain il arrivait a Londres.

  Trois quarts d'heure apres un cab le deposait a la petite maison du docteur, Soho square, Greek street; il en franchit le perron, et s'annonca en frappant a la porte cinq coups solidement appuyes.

  Fergusson lui ouvrit en personne.

  " Dick? fit-il sans trop d`etonnement.

  —Dick lui-meme, riposta Kennedy.

  —Comment, mon cher Dick, toi a Londres, pendant les chasses d'hiver?

  —Moi, a Londres.

  —Et qu'y viens-tu faire?

  —Empecher une folie sans nom!

  —Une folie? dit le docteur.

  —Est-ce vrai ce que raconte ce journal, repondit Kennedy en tendant le numero du Daily Telegraph.

  —Ah! c'est de cela que tu parles! Ces journaux sont bien indiscrets! Mais asseois-toi donc, mon cher Dick.

  —Je ne m'asseoirai pas. Tu as parfaitement l'intention d'entreprendre ce voyage?

  —Parfaitement; mes preparatifs vont bon train, et je...

  —Ou sont-ils que je les mette en pieces, tes preparatifs? Ou sont-ils que j'en fasse des morceaux "

  Le digne Ecossais se mettait tres serieusement en colere.

  " Du calme, mon cher Dick reprit le docteur. Je concois ton irritation.

  Tu m'en veux de ce que je ne t'ai pas encore appris mes nouveaux projets.

  —Il appelle cela de nouveaux projets!

  —J'ai ete fort occupe, reprit Samuel sans admettre l'interruption, j'ai eu fort a faire! Mais sois tranquille, je ne serais pas parti sans t'ecrire

  —Eh! je me moque bien.

  —Parce que j'ai l'intention de t'emmener avec moi. "

  L'Ecossais fit un bond qu'un chamois n'eut pas desavoue.

  " Ah ca! dit-il, tu veux donc que l'on nous renferme tous les deux a l'hopital de Betlehem! [Hopital de fous a Londres.]

  —J'ai positivement compte sur toi, mon cher Dick, et je t'ai choisi a l'exclusion de bien d'autres. "

  Kennedy demeurait en pleine stupefaction.

  " Quand tu m'auras ecoute pendant dix minutes, repondit tranquillement le docteur, tu
me remercieras

  —Tu parles serieusement?

  —Tres serieusement.

  —Et si je refuse de t'accompagner?

  —Tu ne refuseras pas.

  —Mais enfin, si je refuse?

  —Je partirai seul.

  —Asseyons-nous, dit le chasseur, et parlons sans passion. Du moment que tu ne plaisantes pas, cela vaut la peine que l'on discute.

  —Discutons en dejeunant, si tu n'y vois pas d'obstacle, mon cher Dick. "

  Les deux amis se placerent l'un en face de l'autre devant une petite table, entre une pile de sandwichs et une theiere enorme

  " Mon cher Samuel, dit le chasseur, ton projet est insense! il est impossible! il ne ressemble a rien de serieux ni de praticable!

  —C'est ce que nous verrons bien apres avoir essaye.

  —Mais ce que precisement il ne faut pas faire, c'est d'essayer.

  —Pourquoi cela, s'il te plaet?

  —Et les dangers, et les obstacles de toute nature!

  —Les obstacles, repondit serieusement Fergusson, sont inventes pour etre vaincus; quant aux dangers, qui peut se flatter de les fuir? Tout est danger dans la vie; il peut etre tres dangereux de s'asseoir devant sa table ou de mettre son chapeau sur sa tete; il faut d'ailleurs considerer ce qui doit arriver comme arrive deja, et ne voir que le present dans l'avenir, car l'avenir n'est qu'un present un peu plus eloigne.

  —Que cela! fit Kennedy en levant les epaules. Tu es toujours fataliste!

  —Toujours, mais dans le bon sens du mot. Ne nous preoccupons donc pas de ce que le sort nous reserve et n'oublions jamais notre bon proverbe d'Angleterre:

  " L'homme ne pour etre pendu ne sera jamais noye! "

  Il n'y avait rien a repondre, ce qui n'empecha pas Kennedy de reprendre une serie d'arguments faciles a imaginer, mais trop longs a rapporter ici

  " Mais enfin, dit-il apres une heure de discussion, si tu veux absolument traverser l'Afrique, si cela est necessaire a ton bonheur, pourquoi ne pas prendre les routes ordinaires?

  —Pourquoi? repondit le docteur en s'animant; parce que jusqu'ici toutes les tentatives ont echoue! Parce que depuis Mungo-Park assassine sur le Niger jusqu'a Yogel disparu dans le Wadai, depuis Oudney mort a Murmur, Clapperton mort a Sackatou, jusqu'au Francais Maizan coupe en morceaux, depuis le major Laing tue par les Touaregs jusqu'a Roscher de Hambourg massacre au commencement de 1860, de nombreuses victimes ont ete inscrites au martyrologe africain! Parce que lutter contre les elements, contre la faim, la soif, la fievre, contre les animaux feroces et contre des peuplades plus feroces encore, est impossible! Parce que ce qui ne peut etre fait d'une facon doit etre entrepris d'une autre! Enfin parce que, la ou l'on ne peut passer au milieu, il faut passer a cote ou passer dessus!

  —S'il ne s'agissait que de passer dessus! repliqua Kennedy; mais passer par-dessus!

  —Eh bien, reprit le docteur avec le plus grand sang-froid du monde, qu'ai-je a redouter! Tu admettras bien que j'ai pris mes precautions de maniere a ne pas craindre une chute de mon ballon; si donc il vient a me faire defaut, je me retrouverai sur terre dans les conditions normales des explorateurs; mais mon ballon ne me manquera pas, il n'y faut pas compter.

  —-Il faut y compter, au contraire.

  —Non pas, mon cher Dick. J'entends bien ne pas m'en separer avant mon arrivee a la cote occidentale d'Afrique. Avec lui, tout est possible; sans lui, je retombe dans les dangers et les obstacles naturels d'une pareille expedition; avec lui, ni la chaleur, ni les torrents, ni les tempetes, ni le simoun, ni les climats insalubres, ni les animaux sauvages, ni les hommes ne sont a craindre! Si j'ai trop chaud, je monte, si j'ai froid, je descends; une montagne, je la depasse; un precipice, je le franchis; un fleuve, je le traverse; un orage, je le domine; un torrent, je le rase comme un oiseau! Je marche sans fatigue, je m'arrete sans avoir besoin de repos! Je plane sur les cites nouvelles! Je vole avec la rapidite de l'ouragan tantot au plus haut des airs, tantot a cent pieds du sol, et la carte africaine se deroule sous mes yeux dans le grand atlas du monde! "

  Le brave Kennedy commencait a se sentir emu, et cependant le spectacle evoque devant ses yeux lui donnait le vertige. Il contemplait Samuel avec admiration, mais avec crainte aussi; il se sentait deja balance dans l'espace.

  " Voyons, fit-il, voyons un peu, mon cher Samuel, tu as donc trouve le moyen de diriger les ballons?

  —Pas le moins du monde. C'est une utopie.

  —Mais alors tu iras

  —Ou voudra la Providence; mais cependant de l'est a l'ouest.

  —Pourquoi cela?

  —Parce que je compte me servir des vents alizes, dont la direction est constante.

  —Oh! vraiment! fit Kennedy en reflechissant: les vents alizes.... certainement... on peut a la rigueur... il y a quelque chose...

  —S'il y a quelque chose! non, mon brave ami, il y a tout. Le gouvernement anglais a mis un transport a ma disposition; il a ete convenu egalement que trois ou quatre navires iraient croiser sur la cote occidentale vers l'epoque presumee de mon arrivee. Dans trois mois au plus, je serai a Zanzibar, ou j'opererai le gonflement de mon ballon, et de la nous nous elancerons

  —Nous! fit Dick.

  —Aurais-tu encore l'apparence d'une objection a me faire? Parle, ami Kennedy.

  —Une objection! j'en aurais mille; mais, entre autres, dis-moi: si tu comptes voir le pays, si tu comptes monter et descendre a ta volonte, tu ne le pourras faire sans perdre ton gaz; il n'y a pas eu jusqu'ici d'autres moyens de proceder, et c'est ce qui a toujours empeche les longues peregrinations dans l'atmosphere.

  —Mon cher Dick, je ne te dirai qu'une seule chose: je ne perdrai pas un atome de gaz, pas une molecule.

  —Et tu descendras a volonte

  —Je descendrai a volonte.

  —Et comment feras-tu?

  —Ceci est mon secret, ami Dick. Aie confiance, et que ma devise soit la tienne: " Excelcior! "

  —Va pour " Excelsior! " repondit le chasseur, qui ne savait pas un mot de latin.

  Mais il etait bien decide a s'opposer, par tous les moyens possibles, au depart de son ami Il fit donc mine d'etre de son avis et se contenta d'observer. Quant a Samuel, il alla surveiller ses apprets.

  CHAPITRE IV

  Explorations africaines.

  La ligne aerienne que le docteur Fergusson comptait suivre n'avait pas ete choisie au hasard; son point de depart fut serieusement etudie, et ce ne fut pas sans raison qu'il resolut de s'elever de l'ele de Zanzibar. Cette ele, situee pres de la cote orientale d'Afrique, se trouve par 6 degrees de latitude australe, c'est-a-dire a quatre cent trente milles geographiques au-dessous de l'equateur.

  De cette ele venait de partir la derniere expedition envoyee par les Grands Lacs a la decouverte des sources du Nil.

  Mais il est bon d'indiquer quelles explorations le docteur Fergusson esperait rattacher entre elles. Il y en a deux principales: celle du docteur Barth en 1849, celle des lieutenants Bnrton et Speke en 1858.

  Le docteur Barth est un Hambourgeois qui obtint pour son compatriote Overweg et pour lui la permission de se joindre a l'expedition de l'Anglais Richardson; celui-ci etait charge d'une mission dans le Soudan.

  Ce vaste pays est situe entre 15 degrees et 10 degrees de latitude nord, c'est-a-dire que, pour y parvenir, il faut s'avancer de plus de quinze cent milles [Six cent vingt-cinq lieues.] dans l'interieur de l'Afrique.

  Jusque-la, cette contree n'etait connue que par le voyage de Denham, de Clapperton et d'Ouduey, de 1822 a 1824. Richardson, Barth et Overweg, jaloux de pousser plus loin leurs investigations, arrivent a Tunis et a Tripoli, comme leurs devanciers, et parviennent a Mourzouk, capitale du Fezzan.

  Ils abandonnent alors la ligne perpendiculaire et font un crochet dans l'ouest vers Ghat, guides, non sans difficultes, par les Touaregs. Apres mille scenes de pillage, de vexations, d'attaques a main armee, leur caravane arrive en octobre dans le vaste oasis de l'Asben. Le docteur Barth se detache de ses compagnons, fait une excursion a la ville d'Agbades, et rejoint l'expedition, qui se remet en marche le 12 decembre.
Elle arrive dans la province du Damerghou; la, les trois voyageurs se separent, et Barth prend la route de Kano, ou il parvient a force de patience et en payant des tributs considerables.

  Malgre une fievre intense, il quitte cette ville le 7 mars, suivi d'un seul domestique. Le principal but de son voyage est de reconnaetre le lac Tchad, dont il est encore separe par trois cent cinquante milles. Il s'avance donc vers l'est et atteint la ville de Zouricolo, dans le Bornou, qui est le noyau du grand empire central de l'Afrique. La il apprend la mort de Richardson, tue par la fatigue et les privations. Il arrive a Kouka, capitale du Bornou, sur les bords du lac. Enfin, au bout de trois semaines, le 14 avril, douze mois et demi apres avoir quitte Tripoli, il atteint la ville de Ngornou.

  Nous le retrouvons partant le 29 mars 1851, avec Overweg, pour visiter le royaume d'Adamaoua, au sud du lac; il parvient jusqu'a la ville d'Yola, un peu au-dessous du 9 degrees degre de latitude nord. C'est la limite extreme atteinte au sud par ce hardi voyageur.

  Il revient au mois d'aout a Kouka, de la parcourt successivement le Mandara, le Barghimi, le Kanem, et atteint comme limite extreme dans l'est la ville de Masena, situee par 17 degrees 20' de longitude ouest [Il s'agit du meridien anglais, qui passe par l'observatoire de Greenwich.].

  Le 25 novembre 1852, apres la mort d'Overweg, son dernier compagnon, il s'enfonce dans l'ouest, visite Sockoto, traverse le Niger, et arrive enfin a Tombouctou, oh il doit languir huit longs mois, au milieu des vexations du cheik, des mauvais traitements et de la misere. Mais la presence d'un chretien dans la ville ne peut etre plus longtemps toleree; les Foullannes menacent de l'assieger. Le docteur la quitte donc le 17 mars 1854, se refugie sur la frontiere, ou il demeure trente trois jours dans le denument le plus complet, revient a Kano en novembre, rentre a Kouka, d'ou il reprend la route de Denham, apres quatre mois d'attente; il revoit Tripoli vers la fin d'aout 1855, et rentre a Londres le 6 septembre, seul de ses compagnons.

  Voila ce que fut ce hardi voyage de Barth.

 

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